Kraftwagen : L’ère de l’ingénierie
Si l’Europe fut la première à développer son industrie automobile, l’Amérique du Nord ne tarda pas à lui emboîter le pas. Profitant d’innovations techniques majeures, d’une capacité de production inégalée et d’un gigantesque marché intérieur, elle ne tarda pas à devenir la plus grande et la plus puissante industrie automobile du monde. Dans Kraftwagen : L’Ère de l’Ingénierie, vous allez gérer le développement de nouveaux moteurs et de nouvelles voitures tout en cherchant à créer la meilleure gamme de véhicules du marché. Vous allez également participer aux grands prix nationaux du territoire nord-américain pour montrer que les performances de vos machines surpassent celles de vos concurrents ! Faites rugir vos moteurs, attirez des clients du monde entier et inscrivez votre nom dans la légende des constructeurs automobiles !
Je continue de faire le tour des jeux de Super Meeple et je m’attaque aujourd’hui à Kraftwagen. Un titre qui, malheureusement, n’a pas eu le succès escompté par l’éditeur. J’avoue que moi-même, à la sortie, je ne me suis pas précipité pour en savoir plus. Ce n’est pas mon habitude, mais c’est surement le thème qui me plaisait un peu moins. Et puis, à force de regarder des vidéos, je me suis dit que j’avais peut-être tort. Tout d’abord, parce que j’aime une grande majorité des titres de Super Meeple, donc pourquoi celui-ci serait-il différent ? Mais également parce que sa thématique est très peu représentée dans notre loisir et que je me suis dit pourquoi pas. Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. J’ai demandé à Super Meeple de me faire parvenir une copie presse et je les remercie encore une fois de leur confiance. Je ne connaissais pas le jeu original, puisque nous sommes ici sur une réédition du jeu de Mathias Kramer sortie en 2015, qui n’avait jamais connu de version française.
Je ne vais pas vous détailler ici les règles, vous pouvez avoir un aperçu global sur l’express que j’ai publié précédemment, mais je vais vous donner mon avis autour de 5 grands thèmes : l’édition, la thématique, les mécaniques, les règles, le solo et je terminerais cette chronique par mon ressenti global.
Cliquer pour avoir un aperçu des règles Kraftwagen
Est ce que c’est Beau (édition) ?
Pour être tout à fait honnête, la direction artistique ne me vendait pas forcément du rêve, même me laissait un peu de marbre. Je trouvais l’ensemble assez triste, mais assez classique pour un eurogame à l’allemande. Comme je sais qu’il ne faut pas forcément se fier aux photos que l’on peut voir sur la toile et que de l’avoir devant soi peut changer un peu la donne, j’ai attendu d’avoir le matériel sous les yeux pour me forger mon propre avis. Finalement, l’illustration de la couverture est plutôt jolie, sans toutefois déclencher chez moi de folles sensations. L’ensemble du matériel est de bonne facture. C’est la première fois que je vois un carton de la sorte. Il est très solide et tout ce qui est tuiles, jetons et autres se retrouve très costaud, pas forcément épais. Heureusement que les meeples restent plutôt colorés, cela égaye un peu l’ensemble et donne de la couleur.
Bien que tout ceci ne soit purement que subjectif et bien que le jeu possède une belle présence sur la table, il ne retiendra peut-être pas votre attention d’un point de vue artistique. C’est dommage, car en y regardant de plus près, on voit qu’il y a eu la volonté d’améliorer l’édition de base. Comme on peut le constater avec la bonne qualité des illustrations des voitures anciennes. L’ensemble respire le vintage, mais est-ce que cela plaira à tout le monde ? J’en suis moins sûre. J’allais oublier, les plateaux joueurs sont doubles couches, ils se rabattent et sont non collés, ce qui a pour effet de ne pas gondoler et j’apprécie fortement, tellement cela peut me ruiner l’expérience de jeu. Un petit insert sera de mise si vous comptez faire plusieurs parties. Vous gagnerez du temps de mise en place et vous éviterez l’effet boite à chaussures.
Notre objectif c’est quoi (thématique) ?
Dans Kraftwagen, vous allez rechercher et développer des technologies innovantes pour améliorer vos chaînes de production, concevoir des véhicules plus grands et plus puissants et les pourvoir de moteurs efficaces. Votre objectif est de séduire le marché en y plaçant vos plus belles voitures, et surtout, d’en vendre le plus possible. En participant aux grands prix nationaux, votre entreprise gagnera de la réputation.
Je trouve qu’elle est plutôt bien rendue et bien représentée. Les actions ont du sens et cela facilite la compréhension de l’ensemble. On est bien en train de fabriquer des voitures et d’essayer de les vendre à des acheteurs potentiels. Finalement, la thématique est également bien servie par la direction artistique avec ce look résolument rétro, très typé année 1920. La seule chose que l’on peut ajouter, c’est que j’aime bien qu’on sorte un peu des sentiers battus en nous proposant autre chose que de la science-fiction ou du médiéval fantastique. Mais j’ai bien l’impression que c’est aussi ce qui pénalise le jeu. Comme moi au début, elle ne m’appelait pas plus que cela et j’ai bien l’impression que pas mal de joueurs l’ont boudé à cause de cela. Ce n’est que mon humble avis…
C’est dur à apprendre (règles & iconographie) ?
Règles
La première chose qui m’a frappé quand j’ai commencé à parcourir la règle, c’est qu’elle est plutôt simple et ne comporte que peu de pages. Si on exclut préambule, mise en place et diverses annexes, elle ne fait que 7 pages. Elle se lit facilement et ne demande pas d’effort de compréhension particulier. Nous sommes en présence d’un jeu intermédiaire (2,91 sur BGG) qui se veut vraiment accessible. On notera qu’il y a deux petites erreurs qui concernent les quantités du matériel et non un point de règles. J’ai particulièrement apprécié les notes historiques, mais également la présentation des ingénieurs et investisseurs qui sont des personnages ayant réellement existé.
Iconographie
L’iconographie est assez limitée et ne présente aucune difficulté particulière. Somme toute assez simple, elle ne demandera pas de retour à la règle durant les différentes parties.
On fait quoi dans le jeu (mécanique) ?
Vous gagnez des points de réputation en participant aux grands prix, en vendant des voitures et en accomplissant des exploits. Les points de réputation représentent à la fois la renommée, l’argent et les prix que vous remportez à ces occasions.
La principale mécanique de Kraftwagen reprend celle du célèbre jeu du même auteur : Glen More. Pour celui-ci, on avait un cercle de tuiles, pour Kraftwagen, on nous propose une roue sur laquelle sont disposées des tuiles. Elles représentent les actions que l’on peut réaliser durant notre partie. Le joueur situé en dernier va déplacer son pion sur une tuile. Il déplacera ensuite cette tuile à l’avant de la roue et exécutera la ou les actions associées. Comme c’est toujours le dernier joueur sur la roue qui commence le tour, si un joueur va trop loin avec son pion, il donnera alors à ses adversaires plus d’opportunités en leur permettant de faire plus d’actions que lui. C’est une mécanique qui a fait ses preuves dans Glen More et qui marche parfaitement bien, un pur bonheur pour moi qui l’apprécie tout particulièrement. Elle vous donnera des sueurs froides avec en permanence des dilemmes et des choix pas forcément faciles à prendre.
Il ne faut pas oublier que nous sommes là pour vendre des voitures et cette partie est toute aussi intéressante et parfaitement intégrée. Dès que nous aurons une voiture fabriquée, elle pourra rejoindre le marché, en espérant qu’elle trouvera preneur. C’est à ce moment que vous devez fixer le prix et qu’il faudra adapter celui-ci en fonction des acheteurs et de vos adversaires, mais pas seulement. Il faudra aussi répondre au maximum aux exigences des futurs acquéreurs qui peuvent être d’ordre : esthétique, puissance, luxe et prix bas.
Que serait-ce un jeu de voiture sans course automobile. Vous pouvez participer à un grand prix. Cela vous rapporte un nombre de points non négligeables. Tout dépendra de votre position et du nombre de tours de piste effectués. Vous pouvez booster vos déplacements en utilisant des ouvriers, mais également en améliorant la motorisation. Il y a par ailleurs un petit twist avec des personnages qui vous permettent d’améliorer votre stratégie. Les investisseurs qui vous permettent de vendre une même voiture plusieurs fois dans le tour et les ingénieurs qui vous octroient des bonus lors de certaines phases de jeu.
Comme dans tous bon eurogame qui se respecte, on retrouve la classique réalisation d’objectif (les exploits), vous rapportant des points de réputations.
Un petit mot du Solo….
Il n’y a aucun mode Solo. J’aurais bien aimé, tout d’abord pour appréhender le jeu plus facilement. Mais également pour pouvoir y jouer un peu plus, le thème rebutant quand même une partie de mes joueurs habituels.
Finalement on en pense quoi (conclusion) ?
J’étais fortement intrigué par Kraftwagen. J’étais tiraillé entre l’envie de le découvrir et la thématique qui ne me vendait pas du rêve, comme on dit. Même si c’est un élément qui passe un peu en arrière-plan pour moi, il n’en reste pas moins que l’ambiance générale qui se dégage d’un jeu, peut vous donner envie plus qu’une autre.
Justement, parlons en du thème, la vente de voitures dans les années 1900, ce n’est pas forcément ce qui me fait grimper aux rideaux (autre expression bien connue des cinquantenaires…). Mais parce qu’il y a un, mais, le matériel plutôt sympathique et beaucoup moins austère qu’il n’y parait donne envie de découvrir ce que nous propose le titre. Finalement, le soin apporté à cette nouvelle édition fait pencher la balance. C’est sûr que si vous aimez le milieu automobile et surtout le côté vintage des voitures anciennes, vous serez vraiment dans votre élément.
Concernant les différentes mécaniques, il y a plein de bonnes idées, comme le choix d’action sur cette roue et la mécanique : le dernier joueur sur celle-ci joue toujours en premier. C’est malin et vous donnera pas mal de réflexion. Vous pouvez vouloir aller chercher une action qui vous sera bénéfique un peu plus loin, ce qui laissera la possibilité à vos adversaires d’en faire plusieurs avant de vous dépasser. C’est un risque à prendre et à évaluer. De toute façon, vous devez vous adapter en permanence et prendre les meilleures décisions. J’ai également apprécié la partie grand prix qui vous permet de récupérer un certain nombre de points de victoire. Je trouve que ça donne un côté un peu plus fun au jeu, tout en offrant une belle opportunité de marquer des points.
Kraftwagen est un jeu assez accessible, les règles sont claires. Je les trouve faciles à lire et à expliquer. Le public visé est clairement le joueur un peu moins ‘gamer’. Mais ne vous y trompez pas, il y a quand même du challenge et de la stratégie. Il faut aussi indiquer qu’il y a beaucoup d’interactions et que si vous êtes réfractaire à ça, il est préférable que vous passiez votre chemin. On peut aussi avoir quelques frustrations autour de la vente des voitures. Un jeu fluide et assez épuré qui mélange interactions et frustrations, c’est un grand oui pour moi.
Il me semble malheureusement que le jeu n’ait pas trouvé forcément son public. Certainement dû au look un peu vintage, même si c’est une réédition d’un jeu de 2015. On reste un peu loin des productions et des standards modernes. Mais j’imagine que c’est également du fait de la thématique qui sera un peu moins attrayante pour certains. Malgré tout, celle proposée est plutôt originale et peu représentée dans notre milieu. Elle a par ailleurs le mérite de nous proposer quelque chose de différent, sortant un peu de l’ordinaire. Pour une fois, celle-ci est parfaitement bien implémentée et les différentes actions ont du sens.
Je n’ai fait que trois parties au compteur et principalement à deux joueurs. Il marche d’ailleurs parfaitement bien dans cette configuration. J’ai bien aimé et je trouve qu’on nous propose un jeu de qualité, tournant parfaitement bien. Honnêtement, il ne lui manque qu’un je ne sais quoi pour se hisser parmi les meilleurs. On pourra juste se poser la question sur la rejouabilité et l’envie d’en faire plusieurs parties. En tout cas, de mon côté, j’ai déjà en prévision de l’essayer à trois ou quatre joueurs. Mais d’ici là, on se retrouve bientôt pour la review de Beyond The Horizon, un autre jeu de super Meeple qui passe bientôt sur ma table.
Pilou.
J’ai Aimé ❤ |
J’ai moins Aimé 😢 |
◗ La roue d’actions et ses dilemmes ◗ La thématique bien implémentée ◗ L’illustrations des vieilles voitures |
◗ Boite à chaussure, bien remplie |
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